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expatriation

Maria Letizia BITTONI, une autre artiste de l’Isola Maggiore… (2)

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2   –   Interview : “La Céramique de l’Isola Maggiore”

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Maria Letizia Bittoni

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Introduction

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Dans le premier article concernant Maria Letizia Bittoni, nous avons évoqué sa biographie et son glissement du métier d’architecte vers la pratique de la céramique.

Nous avons également expliqué les origines de son profond attachement à l’Isola Maggiore ainsi qu’au lac Trasimène.

Aujourd’hui, nous vous présentons un interview où elle nous permet de mieux cerner sa création très personnelle “La Céramique de l’Isola Maggiore“.

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L’interview

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Habitation de Maria Letizia Bittoni à l'Isola Maggiore

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JW : Maria Letizia Bittoni, je vous remercie d’abord d’avoir accepté cet interview dans votre maison familiale à l’Isola Maggiore. Je vais commencer en vous demandant pourquoi vous avez abandonné votre métier d’architecte ?

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ML B : Ma céramique n’est pas née par accident. J’étais architecte et j’étais très insatisfaite par tout ce que la réalisation de plans impliquait : trop nombreux documents à produire et trop de bureaucratie.

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JW : Quels furent vos premiers pas dans cette réorientation ?

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ML B : J’ai commencé par peindre des gnomes de porcelaine. Mais, au fond de moi,  j’éprouvais l’envie – la nécessité même – de modeler la terre pour créer mes propres objets.

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JW : Et comment est venu le déclic décisif vers la céramique ?

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ML B : Un jour, que je qualifierais de particulièrement chanceux, je fis connaissance d’un laboratoire où travaillaient des peintres et des céramistes. J’ai débuté avec mille incertitudes. Peur de ne pas comprendre en profondeur toute cette magie. Peur de ne pas projeter tout mon être dans ce que je créais.

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JW : Et c’est à partir de ce besoin de vous  exprimer toute entière qu’est née l’idée de « La Céramique de l’Isola  Maggiore » ?

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ML B : Oui. Avec le temps, mais finalement  assez rapidement, compte tenu de mon impatience habituelle, j’ai commencé à éprouver le besoin de décrire le lac et sa vie.

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JW : Et c’est alors que des thèmes de  prédilection se sont imposés à vous ?

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ML B : Oui. En fait, tout ce qui fait la  spécificité de la vie des pêcheurs à l’Isola Maggiore  et les caractéristiques du lac Trasimène :  les pierres, les algues, les vagues et les filets avec leur poids et leurs  hameçons… les poissons. Et, comme je trouvais que le bleu de Sèvres avait une tonalité de couleur trop prononcée, j’ai créé mon mon propre  bleu, le “bleu Letizia ». Je l’ai obtenu en mélangeant plusieurs bleus différents destinés à la céramique.

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La couleur bleu de Sèvres

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JW : Pouvez-vous préciser un peu cela ?

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Une céramique de Maria Letizia exposée au Musée du Merletto. Explication de certaines représentations

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ML B : Oui, bien sûr. Les poissons que je  peins, sont ceux qui vivent dans le lac et principalement les « latterini » (blanchailles) qui sont petits, argentés et qui se déplacent toujours en groupe.

Les  algues gravées sur l’émail constituent une stylisation des  algues réelles.

Les  pierres de tailles diverses, qui ornent les rives du Trasimène, sont gravées et  peintes sur les contours des objets créés.

Souvent,  j’ajoute des filets de pêche avec leurs poids, gravés dans le but de faire  ressortir la couleur cuite ce qui rappelle les anciens poids en terre cuite qui  ont été utilisés autrefois à la place des poids actuels réalisés désormais dans  d’autres matériaux.

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JW : En vous écoutant, je me dis qu’il serait  peut-être plus judicieux de parler de « La Céramique du Lac Trasimène »,  non ?

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ML B : Oui, sans doute. Mais il y a encore des  démarches préalables à effectuer avant de pouvoir utiliser une telle dénomination.

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JW : Quelles techniques utilisez-vous  principalement ?

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ML B : Les techniques que j’utilise pour  obtenir une céramique sur laquelle peindre, sont le moulage, le colombin (long rouleau  de pâte molle servant à fabriquer certaines poteries sans l’emploi du tour) et la dalle de pierre. Le  matériel est presque toujours  de la  terre réfractaire afin d’obtenir le craquelage (altération  superficielle ou profonde de certains vernis ou peintures) ou la terre rouge.

Après la première cuisson, l’objet qui est toujours  une pièce unique, est vernis, peint et gravé.

Ensuite, je procède à une seconde cuisson.

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JW : Et progressivement, vous avez intégré à  votre style la dentelle d’Irlande, autre fleuron de l’Isola Maggiore ?

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ML B : Exactement. Simultanément à la  décoration déjà développée, j’ai commencé à ajouter sur la céramique de la dentelle d’Irlande (merletto). Et j’ai choisi les plus anciens modèles de cette dentelle, constitués de fleurs enserrées dans un filet « bâclé » (malfatto) ainsi appelé parce qu’il diffère de celui des  pêcheurs qui sont eux géométriquement réguliers.

J’ai copié les fleurs à partir d’anciens catalogues  et je les ai reproduites sur des lampes et sur d’autres objets, en utilisant toujours « mon propre bleu ».

Pour achever les lampadaires, j’ai créé des abat-jours revêtu de filets de pêcheurs sur lesquels j’ai ajouté les fleurs  d’Irlande reproduites à l’Isola Maggiore.

C’est ainsi que dans ce type de céramique la  tradition de la dentelle, si mêlée à la vie de l’Isola Maggiore depuis plus d’un siècle, s’unit à un projet pour le futur.

 

JW : Maria Letizia Bittoni, qu’avez-vous envie d’ajouter pour conclure cet entretien ?

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ML B : Et bien, j’aimerais dire à chacun combien c’est un enchantement sans cesse renouvelé de voir un objet opaque entrer dans le  four et en ressortir éclatant, radieux !

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L’article de demain, mardi 17, sera consacré à la présentation de toute une série de réalisations de Maria Letizia Bittoni

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