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expatriation

Une plaque commémorative fasciste sur l’Isola Maggiore… !

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Introduction

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Hier, au hasard d’une ballade sur l’île (appareil de photo toujours autour du cou), quel ne fut pas mon étonnement de tomber nez à nez, sur la façade arrière d’une maison de la via Guglielmi, avec une plaque commémorative en l’honneur de deux combattants fascistes, commandant des bataillons d’assaut, “morts pour la Révolution fasciste

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Plaque commémorative en hommage à deux commandants des bataillons fascistes d'assaut, morts pour la Révolution fasciste.

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Traduction

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Aux morts de la Révolution Fasciste

C.M. ……

C.M. ……

Commandants des bataillons d’assaut

ILS ONT…  – CRU – OBÉI – COMBATTU

 

Par respect pour les familles, j’ai occulté le nom des deux combattants fascistes décédés.

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J’ai été assez interloqué par la persistance « semi-publique” d’une telle plaque commémorative à la gloire d’anciens fascistes et me suis demandé quelles étaient les règles à cet égard dans l’Italie actuelle.

Je me suis donc penché sur la Constitution actuellement en vigueur en Italie.

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La Constitution italienne actuelle

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Elle a été promulguée le 27 décembre 1947.

Son entrée en vigueur date du 1er janvier 1948.

Elle est intitulée Constitution de la Ire République, car elle résulte du référendum du 2 juin 1946, au cours duquel les Italiens se sont prononcés en faveur de la République et non du Royaume et ont élu l’Assemblée constituante qui l’a rédigée et votée.

Cette constitution est avant tout d’inspiration démocrate-chrétienne mais également laïque ce qui n’étonne guère quand on sait que les républicains, les libéraux, les socialistes et les communistes ont participé à sa rédaction.

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Le caractère anti-fasciste de cette Constitution

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Ce caractère antifasciste est évident dans l’article suivant de la Constitution italienne :

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Article XII des dispositions transitoires et définitives

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La réorganisation, sous quelque forme que ce soit, du parti fasciste dissous est interdite.
Par dérogation à l’article 48, des limitations temporaires au droit de vote et à l’éligibilité des chefs responsables du régime fasciste sont fixées par la loi pour une période maximum de cinq ans après l’entrée en vigueur de la Constitution.
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Des critiques s’élevèrent à l’époque contre ce caractère anti-fasciste

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Les libéraux ne se contentèrent pas de critiquer le genre de Constitution adopté par les constituants.

Ils jugèrent aussi inutile d’y avoir introduit des « règles-programmes », c’est-à-dire des  préceptes à caractère politique, dans la mesure où, comme le dit Vittorio Emanuele Orlando, la Charte fondamentale d’un État ne devrait pas s’occuper de l’avenir mais seulement du présent.

Ils critiquèrent aussi le caractère « ouvertement idéologique » de la nouvelle Constitution, son « anti-fascisme » déclaré et envahissant.

Ils auraient préféré un texte simplement « a-fasciste » plus technique et moins doctrinaire.

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Mais cette option eut également ses défenseurs acharnés

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La réponse que Togliatti donna au sein de l’Assemblée constituante aux objections de fond des libéraux fut très forte.

Le point de départ, dit le leader communiste, était la constatation de la faillite, sur le plan historique et civil, de la classe dirigeante libérale, laquelle n’avait pas su s’opposer à la venue du fascisme et à la catastrophe nationale qui s’en était suivie.
C’était précisément la raison pour laquelle, poursuivait-il, il fallait donner vie à une Charte constitutionnelle qui donnât des garanties pour l’avenir de sorte que « ce qui était arrivé une fois ne pût plus se reproduire ».

C’est pourquoi on avait voulu réaliser « une Constitution non pas  a-fasciste mais anti-fasciste ».
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Réalité historique ultérieure

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Malgré cette prise de position claire de la nouvelle Constitution italienne, une partie des anciens fascistes se sont organisés en une opposition légale au sein du Mouvement social italien

Ce mouvement se référait explicitement à la mémoire de Mussolini.

Il a obtenu des scores électoraux notables (entre 2% et 8% de 1948 à 1973), principalement dans les régions pauvres du Sud.

Il fut toléré par les gouvernements démocrates-chrétiens pour qui il constituait un dérivatif au communisme, mais il a toujours été écarté des coalitions gouvernementales.

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Nouveau Monde Info écrit à ce sujet :

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Il  est cependant un tabou qu’il faut bien lever si l’on veut comprendre la  persistance du fascisme dans la politique italienne.

Peut-on imaginer, en 1946, en Allemagne, la création d’un Parti National Socialiste Rénové qui se réclame explicitement du NSDAP et qui traverserait toute la vie politique du pays jusqu’en 1993 ?

C’est pourtant ce qui s’est passé en Italie.

En 1946, le Mouvement Social Italien (MSI) est recréé à partir du Parti National Fasciste écrasé sous les ruines de la République Sociale de Salo.

Il est fondé et dirigé par des dignitaires historiques du Parti National Fasciste de Mussolini (à l’instar de Cesare Maria De Vecchi, commandant général des Chemises Noires lors de la Marche sur Rome qui porta le Duce au pouvoir) mais, surtout, par des rescapés de la République Sociale, lorsque le régime n’était plus qu’une dictature fantoche sous l’égide des nazis.

……

Aussi curieux que cela puisse paraître, l’épisode fasciste jouit d’une image plutôt positive dans l’imaginaire collectif italien, qui ne préfère retenir du phénomène que la modernisation des structures sociales, la politique culturelle, et la renaissance d’une grandeur impériale qui a conféré au Duce le statut d’un nouveau César.

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Conclusion

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Un fait, la découverte inopinée sur l’Isola Maggiore de cette plaque commémorative ornée des faisceaux fascistes.

Une réalité constitutionnelle, l’interdiction de recréation d’un parti fasciste.

Une réalité historique, la création, dès 1946, du Mouvement Social Italien, dont les liens avec l’ancien régime fasciste sont évidents et qui n’a jamais fait l’objet de décision de justice malgré le texte de la Constitution.

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Cela me confronte avec le fait que je dois encore creuser pas mal pour mieux comprendre l’âme italienne, sa complexité, ses idéaux, ses aspirations, ses tourments, voire ses démons…

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Une réponse à to “Une plaque commémorative fasciste sur l’Isola Maggiore… !”