Voyageurs du passé : les douanes italiennes avant l’unification italienne…
.
1775 – 1862
.
.
Viaggiatori del passato
Le dogane italiane
prima dell’unificazione italiana…
.
.
.
.
Per i nostri amici italiani
.
Questo articolo è una breve antologia di alcune storie di viaggiatori francesi in Italia durante i XVII e XIX secoli.
.
Essi descrivono le loro disavventure con gli innumerevoli posti doganali che punteggiano il loro percorso prima dell’unificazione italiana..
.
.
.
.
Préambule
.
Cet article s’inscrit dans notre série Voyageurs du passé.
Pour lire ou relire cette série, cliquez ici.
.
.
.
.
Introduction
.
.
.
Fin du XVIII° et les deux premiers tiers du XIX° siècle, l’Italie était encore découpée en un grand nombre d’états, allant de très petites entités à quelques-unes plus considérables.
Toujours est-il que cela obligeait les voyageurs, surtout ceux du Grand Tour, à franchir un nombre excessif de postes frontières.
.
.
Le Grand Tour
.
Le Grand Tour était un rituel d’abord répandu au sein de l’aristocratie anglaise, puis dans tout le continent ainsi que dans la haute bourgeoisie et dont l’objet était de couronner l’achèvement de l’éducation des jeunes hommes par une tournée à travers toute l’Europe..L’Italie constituait un but particulier de voyage..Les jeunes voyageurs devaient ainsi se familiariser avec la culture et les usages de l’étranger et nouer des contacts utiles pour leur vie future..Le Grand Tour servait en outre à approfondir les connaissances linguistiques ainsi que l’acquisition d’une aisance générale à l’égard du monde..
Source : http://www.kuenstlerleben-in-rom.de/Le_grand_tour.pdf
.
.
Le Trasimène étant pratiquement à cheval sur la frontière entre le Grand Duché de Toscane et les États de l’Église, j’ai recherché des descriptions de voyageurs du passé au sujet des franchissements obligés de ces multiples barrières douanières.
.
Pour cela, j’ai recouru à des livres de l’époque, disponibles sur le site Gallica, bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale de France.
.
Je vous livre ces récits sans les accompagner de commentaires.
.
Ils méritent le détour et parlent suffisamment d’eux-mêmes.
.
.
.
.
Thème général
.
.
.
Description générale
des douanes italiennes
1775
.
Il est, pour les Souverains, d’autres mines d’argent : les Douanes, qui sont singulièrement incommodes en Italie.
Un amas de petits États coûte beaucoup plus au Voyageur, que la traversée des grands, surtout dans un pays tout coupé de rivières.
Les Souverains, dans leurs Palais, dans leurs maisons de plaisance, dans leur représentation, dans leurs plaisirs, veulent trancher du Monarque.
Forcés de ménager leurs sujets, ils se jettent sur l’Étranger.
Leurs Douanes vous atteignent partout.
Il faut payer, non seulement pour entrer dans leurs États, mais encore pour en sortir.
Dans les auberges, on vous demande votre nom, & vous payez la complaisance qu’on a de l’écrire aux portes des Villes.
Les Commis exercent une maltôte (exaction commise dans la perception d’un droit) qui peut-être n’entre pas dans les coffres du Prince ; mais le Voyageur n’en est pas moins pressuré. On vous propose de vous visiter : vous échappez la visite, en payant.
Vous comptez en être quitte, pas encore.
Le lendemain, on vous attend à la porte du départ, pour la même cérémonie.
.
M. l’abbé Coyer, des Académies de Nancy, de Rome & de Londres – Voyages d’Italie et de Hollande – Veuve Duchesne, Librairie, 1775.
.
.
.
.
.
.
En quittant Turin
1832
.
— Je ne saurais quitter l’Italie, sans consigner ici une remarque essentielle.
Tant pis si elle sent un peu la diatribe; ce n’est pas ma faute: amica veritas.
On se tromperait fort si l’on pensait n’y a que de l’agrément à attendre d’un voyage en ce pays.
La police et les douanes suffisent pour désabuser de cette illusion, et les contrariétés sans nombre qu’elles font subir lasseraient la patience de l’homme le plus flegmatique.
…
La douane ne cause pas moins de désagréments que la police.
L’Italie étant un composé de plusieurs petits gouvernements , on ne peut faire plus de vingt lieues sans rencontrer des nuées de douaniers qui assaillent le pauvre voyageur, à-peu-près comme des corbeaux affamés tombent sur leur proie.
On se débarrasse, il est vrai, de leur importune visite, moyennant quelque monnaie ; mais c’est encore un autre abus.
Che volete . signor ? è il nostro dovere ! (Que voulez-vous, Monsieur ? C’est notre devoir!), me disait un douanier, en me tendant la main.
J’aurais perdu mon temps si je lui eusse démontré que son devoir était de faire la visite, et non pas de mendier.
Je lui donnai une petite pièce d’argent , et la visite n’eut pas lieu.
.
A. H. Lemonnier – Souvenirs d’Italie – Madame de Bréville, Libraire, 1832, page 412.
.
.
.
.
.
.
Comparaison entre Toscane
et États pontificaux
.
.
Cliquez ci-dessous pour la suite – Clicca sotto per il seguito – Click below to continue
.
.
.
Entrée
.
.
Parti de Florence vers Bologne
1825
.
Les premiers villages que nous rencontrâmes durent, aussi bien que la douane, nous avertir, par les troupes de mendiants dont nous fûmes assaillis, que nous étions rentrés dans les états du Saint-Père :
.
« Personne, dit M. le comte de Forbin, n’a de droits mieux acquis que le pape à répéter avec Jésus-Christ : Mon royaume n’est pas de ce monde.
A chaque pas que l’on fait dans les états du Saint-Père, on ne rencontre que misère et souffrance. »
.
Enfin, Bologne, que nous désirions avec tant d’ardeur, fut le terme de cette longue et pénible journée.
.
J. M. L. Bor – Lettres d’Italie à quelques amis – Dondey-Dupré père et fils, Paris, 1825.
.
.
.
.
.
Sortie
.
.
.
Acquapendente
1826
.
La petite ville d’ Acquapendente, la dernière des états romains, sur une hauteur escarpée, avec ses cascades, est pittoresque.
Un large ravin désert, mêlé de torrents, de bois, de rochers, forme une limite naturelle et imposante entre l’État romain et la Toscane.
À peine a-t-on touché cette dernière contrée qu’un parfum de civilisation, semble s’exhaler et se répandre : les champs, les chemins, les maisons, les vêtements, les physionomies surtout, ne se ressemblent plus, et l’on sent une certaine culture physique et morale qui manquait à l’État voisin.
La barbarie du cadran italien cesse; la douane raisonne et n’est plus vénale; le peuple sait lire, et le pain est excellent, dernier et infaillible symptôme de bien-être et d’amélioration.
.
M. Valery – Voyages historiques et littéraires en Italie, pendant les années 1826,1827 et 1828
Mme Vve Lenormant, Libraire, Paris, 1833, page 263.
.
.
.
.
.
.
Quelques douanes
entre le Grand Duché de Toscane
et les Etats de l’Eglise
.
.
.
.
Pontecentino
1828
.
Après avoir diné au village de la Novella, nous nous acheminons pour Pontecentino, au pied de la montagne de Radicofani.
C’est ici que commencent les États pontificaux.
Les douaniers visitent scrupuleusement nos effets; j’en éprouve un mouvement d’humeur très prononcé.
Dans le voyage d’Italie , II y a mille petites tribulations à supporter; mais je mets en première ligne les inquiétudes toujours renaissantes et la contention d’esprit, résultant des tracasseries des douanes, et surtout de celles de la police des passeports; ce serait vraiment à rebrousser chemin, si on n’avait à redouter les persiflages au retour.
.
M. R. C. – Journal d’un voyage en Italie et en Suisse pendant l’année 1828 – Verdière, libraire-Editeur, 1833.
.
.
.
.
.
.
.
.
Castel del Piano
1852
.
A Castel del Piano on sort de la Toscane et on entre dans les États de l’Église.
Quatre soldats habillés de bleu et paraissant s’ennuyer prodigieusement, se promenaient devant un bâtiment quelque peu délabré, qui n’était autre que la Dogana (douane), en retroussant leurs moustaches d’une façon tout-a-fait guerrière ; un cinquième, l’allure moins belliqueuse, raccommodait sa culotte avec du fil blanc.
C’est alors que commence la chasse aux baïoques (petite monnaie des États romains).
Le douanier, qui n’en a pas la moindre envie, parle de faire déployer et fouiller toute la roba (les affaires).
Le devoir est mis en avant.
En pareil cas, le postillon qui vous conduit ou le vetturino (cocher) qui vous a loué pour le voyage sa personne et ses chevaux, est l’ambassadeur tout trouvé, et il arrange l’affaire, dont les préliminaires consistent à déposer un francescone (monnaie d’argent du Grand-Duché de Toscane) sur le bureau.
Vient alors le facchino (porteur) qui aurait déchargé et rechargé ladite roba sans ce malheureux écu, et qui réclame impérieusement ce qu’on l’a mis si méchamment dans l’impossibilité de gagner.
Deux paoli (petite monnaie) terminent le différend.
Le vetturino, quittant son rôle de conciliateur, enfonce noblement son chapeau sur sa tête, et les deux parties se retirent parfaitement contentes l’une de l’autre.
Cette opération terminée, on est libre d’aller déjeuner ou de reprendre son chemin.
.
Comte Eugène de Montlaur – De l’Italie et l’Espagne – Garnier Frères, 1852, page 290
.
.
.
.
.
.
.
Fin des douanes en Italie
.
.
.
Filigare
1862
.
Bientôt nous arrivons a Filigare, étroit plateau des Apennins qui séparait autrefois la frontière papale de la frontière grand-ducale.
Dieu merci, la barrière est tombée, et Bolonais et Toscans se donnent la main à travers les monts.
Le bâtiment vide et fermé de la douane, jadis orgueilleux et important, regarde avec envie la petite auberge vivante et rustique qui se dresse en face et semble narguer cette majesté détrônée.
C’est vers l’humble botella aujourd’hui que tous les voyageurs s’élancent.
Débarrassés de l’ennui de la visite des bagages et du visa des passeports, ils ne songent plus qu’à prendre place autour d’une table frugale et à assouvir leur faim.
.
Mme Louise Colet – L’Italie des italiens – E. Dentu, Libraire-Editeur, Paris, 1862.
.
.
.
.
.
.
Conclusion
.
Il est difficile pour nous, habitués désormais, à la libre circulation des biens et des personnes au sein de la Communauté Européenne, de réaliser ces incroyables complications d’un voyage en Italie à cette époque.
.
Source : http://www.maxicours.com/se/fiche/3/9/421539.html
.
.
.
Réalisons donc notre chance au lieu de la bouder !!!
.
.
.
.